2021-04-25 | |
L’Equitation de tradition française est inscrite depuis 2011 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO et le Cadre noir en est officiellement le représentant le plus connu et son garant. Elle est une philosophie, une harmonie entre l’homme et le cheval qui participe volontairement sans contrainte ou effet de force Elle est un style, d'élégance, de finesse et de sobriété.
Le Cadre noir de Saumur perpétue une tradition équestre, un art ancestral bâti au fil des siècles qui sont tant par leur fonctionnement que leur histoire, unique au monde.
Philippe Duplessis-Mornay, sous les ordres d’Henri IV, fonda à la fin du XVIe siècle, à Saumur, une université protestante au sein de laquelle une académie d’équitation fût adjointe. Cette académie fût dirigée par Monsieur de Saint-Vual et accueillit des étudiants venus d'Anjou, d'Angleterre, de Hollande et d'Allemagne. Suite à une forte concurrence avec les écoles des Tuileries et avec celles des Grandes écuries du château de Versailles, le succès ne fût pas au rendez-vous. Après des défaites répétées de la cavalerie française lors de la guerre de Sept Ans, le roi Louis XV dû réorganiser la cavalerie française.
En effet, à cette époque, les cavaliers sont entretenus par le roi et les chevaux fournis par les différents haras nationaux. Douai, Besançon, Cambrai, Metz et Angers sont les villes qui accueilleront les académies d’équitation. Toutefois, Angers, afin de préserver la morale de ses paroissiens fera déplacer l’académie à Saumur. Le marquis de Poyanne accueillera et dirigera dès le 11 juin 1763, à Saumur, 300 carabiniers. Dès 1766, suite au succès de la méthode d’enseignement aux carabiniers prônée à Saumur, le duc de Choiseul contraindra les autres écoles à adopter la technique saumuroise. Définitivement constituée en 1771, l’école d’équitation de Saumur forme l’élite de la cavalerie. Chaque année 4 officiers et 4 sous-officiers sont envoyés à Saumur, par chaque école de cavalerie, pour y apprendre et mettre en pratique les enseignements propres à l’engagement de la cavalerie sur le champ de bataille.
Suite à la révolution française et aux multiples guerres napoléoniennes, la cavalerie française est décimée, voire à néant. Louis XVIII décida de créer à Saumur une école des troupes à cheval visant ainsi à former un nouveau corps d’élite pour le dressage des chevaux destinés à l’usage militaire.
Charles X, en 1825, rebaptisa Saumur « Ecole royale de cavalerie » en y nommant le général Oudinot comme responsable et Jean-Baptiste Cordier devînt Écuyer en chef du manège, premier du titre. Un manège d’académie, ainsi qu’un manège militaire y sont développés et composent les bases de la structure mélangeant ainsi, civils et militaires. En 1828, le premier carrousel y est présenté, des écuyers exécutent des reprises de sauteurs et d’instructeurs. Lors de cette présentation, le chapeau de manège, aussi appelé lampion ou bicorne coiffe les écuyers. Jean-Baptiste Cordier, tels que pratiqués à Versailles, introduit l’entraînement aux sauts, ainsi que le travail aux piliers qui étaient réservés prioritairement aux élèves les plus doués de l’école.
Avec la disparition de l’école de Versailles, en 1830, Saumur devient la seule école en France dépositaire de la tradition équestre. En 1847, la forme des sauts est fixée et ne changera plus. Le 16 mars 1864, Alexis L’Hotte prend la décision d’interdire le travail de haute école, excepté pour les chevaux personnels. Son idée principale était de se concentrer sur la formation de l’aptitude au combat. La Société hippique française créée en 1865 marque la naissance de l’équitation sportive et l’année suivante, Alexis L’Hotte présente pour la première fois hors des murs de Saumur une remise de manège et des sauts en liberté au Palais de l’industrie à Paris dans le cadre d’un concours avec des cavaliers de l’école.
Alexis L’Hotte prend la direction de l’école en 1875. Lui succède le commandant Pietu qui fait passer le nombre d’écuyers de douze à quatorze et achète également de nombreux terrains, dont celui de Terrefort où se trouve aujourd’hui l’Ecole nationale d’équitation. L’orientation devient plus sportive. L’école royale de cavalerie devient vers 1898 le Cadre noir en accord avec la tenue traditionelle noire des écuyers mise en place par le chef d’escadron de Contades.
Les principes académiques évoluèrent jusqu’au XXe siècle ou la cavalerie se mécanisa au profit des blindés, laissant peu à peu les chevaux en dehors des affaires militaires. Les sports équestres prennent de plus en plus d’ampleur et l’école de cavalerie de Saumur intègre en 1972 l’école nationale d’équitation. Dès lors, les écuyers du Cadre noir de Saumur sont devenus les spécialistes en formation de haut niveau pour les différentes disciplines sportives équestres. L’Ecole nationale d’équitation fusionnera avec les Haras nationaux en 2010 pour devenir l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE). 12 mois, plus tard l’équitation de tradition française est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
Les chevaux du Cadre noir au nombre de 360 sont achetés chez des éleveurs de toute la France à l’âge de 3 ans, généralement sur des concours régionaux grâce à des subventions. Le Cadre noir fait appel à plusieurs races de chevaux, principalement des Selles français, des Anglo-arabes, des Pur-sangs. Tous sont de robe alezane ou baie. Le renouvellement annuel correspond à environ 10% de l’effectif. Après leur achat, les chevaux sont dressés pendant environ 6 à 8 ans dont 3 ans sont consacrés au dressage classique et 3 à 5 ans au dressage spécifique. Les chevaux de sauts ayant un cursus allongé puisque ceux-ci ne sont présentés à la reprise qu’au bout de 10 à 12 ans. Les chevaux de manège sont généralement apte dès 8 ans. Des chevaux fatigués ou âgés sont réformés chaque année, habituellement dès l’âge de 16 ans et sont revendus entre 500 et 1’600 Euros.
Issu de la terminologie militaire napoléonienne, les Cadres sont des gradés chargés de l’encadrement de la troupe. A partir de 1876, les sous-lieutenants formés à l’école de la cavalerie de Saumur revêtent un uniforme aux tons bleus sombres. Dès ce jour, ils sont surnommés les Cadres bleus. En 1888, l’appellation aurait pu changer en Cadre d’or, se référant ainsi aux couleurs des éperons, viroles de cravaches, décorations de tunique ou de képi. Le Chef d’escadron de Contades changea la tenue en 1898 et imposa le noir, tant par aisance d’intendance que par effet de mode des élèves fortunés, Le nom Cadre noir est ainsi déterminé et s’impose dans les usages.
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