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Entretien avec Gad Elmaleh - réalisateur et acteur

2023-06-01      
   
Le film parle de votre rapport à la foi juive et de votre profonde affection pour Marie, mais c’est aussi un film sur l’identité, et la vôtre est définitivement plurielle...

Gad Elmaleh : Oui, c’est un film sur l’identité au sens large. Je m’interroge ici, et avec beaucoup de sincérité, sur ma place, en tant qu’homme de 50 ans, dans la société, dans ma famille, dans le monde, dans la géographie, dans l’Histoire, dans mon histoire, dans mon rapport à ma judéité. Comme je vous le disais, je parle des mêmes choses depuis trente ans, sauf que là, je crois que j’en parle avec plus de courage, sans me cacher derrière des artifices.

Comment avez-vous convaincu vos parents et vos proches de jouer dans le film ?

Gad Elmaleh : Je leur en ai parlé comme d’un film sur la crise de la cinquantaine. Ils ne savaient pas vraiment de quoi il était question. Je voulais capter leur surprise et leur trouble aussi. Je les ai un peu arnaqués (rires) ! Ma mère est vraiment bien dans le film, très naturelle. Tout était écrit dans le scénario, il y avait des dialogues, mais je ne leur ai pas donné de texte à apprendre, ça aurait ôté de leur spontanéité à l’image. Je leur donnais un cadre, des situations. Ma mère n’a pas réfléchi, elle a joué, comme le font les enfants, comme le font les acteurs. Mes parents étaient heureux, on était chez eux, il y avait un peu de monde, on faisait à manger. Ça a été un tournage très joyeux. Je vais vous raconter une anecdote : j’étais chez mes parents, je faisais des repérages avec mon chef opérateur, Thomas Brémond. Ma mère était dans la cuisine, Thomas lui a demandé de s’asseoir sur une des chaises de la cuisine, et elle lui a répondu : “ Mais, en vrai, je ne m’assois jamais ici ! ”. Ce n’était pas un caprice, elle avait raison, et on a pensé le plan autrement. Tout le film, ça n’a été que ça, on s’est adapté à la vie de mes parents, aux décors de leur vie, le canapé, le salon marocain. Ça m’a beaucoup aidé d’être avec eux et d’être chez eux. J’ai découvert une méthode de mise en scène et de direction que j’adore, et je crois que par le passé, j’ai perdu beaucoup d’énergie à essayer de construire des scènes au cinéma avec trop de monde. Ce film, il fallait le faire avec une économie réduite, en équipe réduite, avec deux caméras légères, avec mes proches et pas des acteurs professionnels ultra identifiés. J’en suis convaincu.

Qu’est-ce qui vous a le plus plu ?

Gad Elmaleh : Faire jouer les non-acteurs, c’était la chose la plus bouleversante et gratifiante.

Je voulais qu’on soit hors des clichés, je voulais faire intervenir des gens qui sont eux-mêmes, alors que, moi, dans le film, je ne sais plus vraiment qui je suis.

C’est Ibrahim Maalouf qui signe la musique du film. Comment s’est passée votre collaboration ?

Gad Elmaleh : Ibrahim a composé presque en temps réel, je lui envoyais les rushs, on parlait du film ensemble. C’est une musique très belle, douce et puissante. Elle accompagne le film, elle ne le surcharge pas, elle n’étouffe pas l’émotion. C’est ce qu’on recherchait.