2023-06-01 | |
Une intermittente du journalisme musical extravertie (Laure Calamy), une banlieusarde introvertie coincée dans la douleur de son divorce (Olivia Côte) ... Tout le film est construit sur la différence et les non-dits. La première, Magalie, est moins insouciante qu’il n’y paraît, la seconde, Blandine, plus ouverte.
Je ne peux pas envisager une comédie avec des personnages qui iraient bien, je ne saurais pas l’écrire. Je tenais à ce que celui de Magalie soit faussement joyeux, qu’il ait une part d’ombre. Connaît-on vraiment les gens avec lesquels on est amis ? Très jeune, j’en ai moi- même fait l’expérience en perdant une bonne amie dont je pensais être proche. Cette jeune fille s’est suicidée sans que j’ai pu déceler chez elle le moindre signe annonciateur de ce qui allait se produire. J’en suis resté marqué.
Il y a de cette jeune fille en Magalie et aussi de certaines des amies dont j’aime à m’entourer, un peu bordéliques, étourdies, très drôles. Je les aime d’ailleurs plus pour ce qu’elles cachent que pour ce qu’elles donnent désespérément à montrer. Pour moi, la fantaisie est toujours teintée de drames.
J’ai besoin de retrouver cette fantaisie dans les personnages de mes films. Des gens qui fonctionnent un peu comme de grands enfants, avec une sorte d’immaturité.
C’est vrai. Toute ma cinéphilie s’est construite autour d’elles et, plutôt que de citer des noms de réalisateurs qui m’auraient marqué, j’ai toujours préféré parler des actrices qui m’avaient touché dans leurs films – Catherine Deneuve dans Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau, Annie Girardot dans Cause toujours, tu m’intéresses d’Edouard Molinaro, Stéphane Audran et Isabelle Huppert dans Coup de torchon, de Bertrand Tavernier... Les comédies me semblent plus drôles avec des personnages féminins – est-ce parce que les femmes ont plus de fantaisie, plus d’autodérision ? On peut se permettre d’aller loin avec elles. Un personnage d’emmerdeur me semblera toujours plus irrésistible s’il est joué par une femme.
Oui, le duo en devient presque burlesque ; ça me plaisait beaucoup. Avec Marité Coutard, la chef costumière, nous avons aussi opté pour deux styles vestimentaires aux couleurs très distinctes - pastel pour Blandine, primaires et pétantes pour Magalie.
J’aime explorer de nouveaux territoires et j’ai toujours aimé choisir des lieux qui m’étaient inconnus. Ce film m’a permis de donner un éventail de ce que sont les Cyclades, mes Cyclades... L’aridité, la luxuriance, le calme, l’exubérance, mais aussi l’aspect attrape-touristes... J’ai voulu montrer la Grèce telle qu’elle est, sans tomber dans le pittoresque. Par contre, je tenais beaucoup à ce que Blandine visite le monastère de Panayia Hozoviotissa, ce sublime monastère du Xème siècle ; un lieu magique.