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Entretien avec Maxime Rappaz - réalisateur

2023-11-25        
   

Né en 1986 à Genève, Maxime Rappaz a travaillé dans le monde de la mode avant de se tourner vers le cinéma. En 2016, il obtient un master en cinéma et scénario puis réalise les courts métrages L’ÉTÉ et TENDRESSE. LAISSEZ- MOI, avec Jeanne Balibar en tête d’affiche, est son premier long métrage.

Pourquoi le choix de cette topographie des lieux : la plaine, la montagne, le barrage ?

J’ai cherché à composer une topographie entre un haut et un bas pour rendre compte en image de la double vie menée par Claudine. D’un côté, son quotidien dans la vallée avec son fils et son travail de couturière et de l’autre, les parenthèses qu’elle s’octroie en montagne où elle agit en femme plus indépendante. J’aimais l’idée du leitmotiv des trajets, qui sont ces chemins de traverse entre les deux mondes. Et ces parcours participent de la construction formelle du récit. L’ouverture du film avec un long travelling avant dans le train, les passages au noir dans les tunnels, ce barrage vertigineux et cette montagne dépeuplée ont forte valeur symbolique... Et il était par ailleurs important que Claudine emmène mon récit vers le conte, tout du moins dans un univers éloigné du naturalisme.

Pourquoi situer le récit en 1997 ?

Le choix des années 1990 relève d’une volonté esthétique avec l’envie de figurer une période à la fois proche et lointaine dans laquelle j’ai grandi et qui stimule mon imaginaire, mais sans référence documentaire pour autant. Je tenais surtout à raconter une histoire de nature romanesque non encore gagnée par les moyens de communications actuels. Je ne pouvais imaginer mes personnages user de téléphones cellulaires ! Et 1997, c’est aussi l’été de la mort de Diana, que le fils de Claudine, Baptiste, vénère.

Claudine entretient une relation forte avec son fils, qui souffre de handicap. Parlez-nous de ce lien.

Je me suis tout d’abord beaucoup questionné sur le principe de faire jouer à un acteur valide un tel rôle. J’avais en tous les cas très envie de travailler avec l’acteur suisse Pierre-Antoine Dubey que j’avais déjà fait jouer dans mon court métrage Tendresse. Nous avons rencontré des spécialistes et l’acteur s’est immergé dans un centre pour personnes en situation de handicap. Nous avons beaucoup répété pour donner à ce personnage une présence forte et vraisemblable et pour éviter l’écueil de toute simplification qui aurait pu être caricaturale. Ce personnage permet de signifier son entière dépendance de sa mère. Et j’aimais bien ce côté double avantage pour Claudine, qui change d’amant chaque semaine pour varier les plaisirs, mais aussi pour pouvoir alimenter les lettres fictives du père... On peut dire que Claudine s’attache d’autant moins à ses amants qu’elle est intimement liée à son fils.